Coups de cœur musicaux 2017

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Les fins et débuts d’années sont souvent synonymes de bilans pour plusieurs personnes. Je n’échappe pas à la règle en partageant ici mes coups de cœur musicaux de 2017, (dans aucun ordre particulier) afin de vous faire découvrir quelques-uns des disques qui ont égayé, stimulé, marqué, apaisé et confronté mes oreilles au courant de la dernière année.

Bonnes découvertes!

The Fun Years

Heroes Of The Second Story Walk-Up

Spring Break Tapes

FunYears

Le duo armé d’une guitare baryton et d’une table-tournante perfectionne leur art avec ce neuvième album qui nous offre de nouveaux paysages sonores qui sont à la fois riches et subtils. Par moment passagères, contemplatives et inspirantes, ces vignettes instrumentales s’imbriquent successivement sur un fond de grésillement de disques vinyles et parviennent momentanément à nous faire oublier les distractions du monde moderne.

Avec Heroes of the Second Story Walk-Up, The Fun Years nous livre leur album le plus accompli.

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BIG|BRAVE

Ardor

Southern Lord

BigBrave

Le trio montréalais a définitivement trouvé sa place en se joignant à l’imposante étiquette Southern Lord, aux côtés des Sunn O))), Earth, Sleep et autres formations friandes du volume crinqué jusqu’à 11.

Ardor se compose de 3 pièces où le silence et l’espace sont tous aussi percutants que le son tonitruant des amplificateurs. La voix singulière et énigmatique de Robin Wattie entremêlé à la dissonance des lourdes guitares et à la percussion assurée crée une atmosphère inimitable qui est traduite avec brio, et ce, même en prestation devant public.

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Caterina Barbieri

Patterns Of Consciousness

Important Records

CatBar

À 27 ans, la compositrice italienne de synthétiseur analogue épate avec Patterns Of Consciousness, un album dense basé sur la répétition et la permutation de motifs sonores singuliers. Tantôt ralenti, tantôt accéléré, le son captive l’auditeur par son évolution schématisée et provoque un puissant impact sensoriel et émotionnel.

Impressionnant.

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Artificial Brain

Infrared Horizon

Profound Lore Records

ArtificialBrain

Le death metal aux proportions cosmiques d’Artificial Brain ne cesse fasciner sur Infrared Horizon, le second album du groupe new-yorkais. Voix gutturale, mélodies fracassantes, blast beat sans faute…les dix morceaux démontrent allègrement les prouesses techniques et la créativité des musiciens, sans toutefois avoir un son surproduit ou sombrer dans la prévisibilité.

Oh, et comment ne pas aimer un groupe dont le chanteur se nomme Will Smith?

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Chinese Football

Here Comes A New Challenger!

Wild Records

ChineseFootball

Qui aurait cru qu’un groupe originaire de Wuhan en Chine allait se tailler une place dans le mouvement de renaissance emo des dernières années? Avec ce nouvel EP de quatre morceaux, Chinese Football infuse les codes du genre popularisés dans le Midwest américain durant les années 90 avec leur touche personnelle et beaucoup de passion. Et ça, les quatre membres du groupe le font foutrement bien.

Le futur s’annonce fort prometteur pour Chinese Football.

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Cloakroom

Time Well

Relapse Records

Cloakroom

À travers le fuzz omniprésent de la basse, la voix délicatement plaintive du chanteur et les mélodies teintées de souvenirs des années 90 et d’Americana, Cloakroom livre un album qu’on savoure davantage à chaque écoute subséquente. Laissez-vous surprendre et emporter par Timewell et ses 60 et quelques minutes de brouillard sonore apaisant.

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Ulver

The Assassination Of Julius Caesar

House Of Mythology

Ulver

Ayant débuté avec une trilogie d’albums black metal désormais culte, pour ensuite toucher à l’électronique, l’ambient, l’expérimental et au classique, Ulver s’est constamment réinventé depuis sa création en 1993.

The Assassination Of Julius Caesar surprend tout autant avec sa pop assumée et ses synthétiseurs au premier plan. L’album aurait très bien pu se retrouver dans les bacs des disquaires à l’ère Violator de Depeche Mode (écoutez l’album au complet, pas seulement Enjoy the Silence, pour y découvrir un classique).

La voix intarissable du chanteur, les successions d’accords qui nous reste en tête (pour les bonnes raisons), les surprises qui fonctionnent: tout y est pour en faire un album remarquable.

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Big Hush

Spirit / Wholes

Robotic Empire

BigHush

Big Hush c’est deux filles et deux gars (dont Chris Taylor de Pygmy Lush et Pg.99) qui font du beau bruit. Oscillant entre le shoegaze et l’indie pop, le son du groupe est des plus agréables avec les voix masculines et féminines qui s’entremêlent, les nombreuses couches de pédales d’effets et des compositions concises et efficaces.

Les bonnes personnes chez Robotic Empire nous ont gâtés en regroupant les EP Who’s Smoking Your Spirit? et Wholes (parus sur cassettes en tirages limités, maintenant épuisés) et en y ajoutant une nouvelle pièce pour l’édition vinyle.

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Slowdive

Slowdive

Dead Oceans

SLowdive

Parlant de shoegaze, Slowdive est revenu après 22 ans d’absence pour nous offrir un des meilleurs disques de l’année et de leur carrière. Le groupe phare du genre prouve avec cet album homonyme qu’il est encore possible et plus que nécessaire de continuer à rêver avec des mélodies planantes qu’eux seuls sont capable de produire.

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The Bug Vs Earth

Concrete Desert

Ninja Tune

BugEarth

La rencontre entre Kevin Richard Martin, alias The Bug, et Dylan Carlson, pionnier du drone et fondateur de l’indétrônable groupe Earth, s’est terminée avec l’enregistrement de Concrete Desert. Les beats massifs supportent les riffs de guitare déformés et créent ensemble une atmosphère autant étouffante qu’onirique.

C’est cet album qu’on entendra lorsque nos petits-enfants crèveront de faim et de chaleur dans les ruines des gratte-ciels déchus.

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Full Of Hell

Trumpeting Ecstasy

Profound Lore Records

FullofHell

Si Concrete Desert est la trame sonore d’un long futur cauchemardesque, Trumpeting Ecstasy de Full of Hell est définitivement ce qui jouera lorsqu’on sera écorchés vifs par l’onde de choc des missiles AGM-114 Hellfire lancés par les despotes politiques de notre ère. À 23 minutes et des poussières, l’album frappe et terrifie l’auditeur avec son grindcore implacable.

Prenez une grande respiration avant d’abaisser l’aiguille sur les premiers sillons ou d’appuyer sur play.

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Vasudeva

No Clearance

Skeletal Lightning

Vasudeva

Je dois avouer que le morceau très (trop?) joyeux qui ouvre l’album m’a un peu rebuté à la première écoute. En prenant le temps d’écouter le reste des pièces, j’y ai toutefois découvert une œuvre fort cohérente et colorée.

Le duo de guitares et les rythmes soutenus qu’on entend sur No Clearance forment des créations instrumentales stimulantes qui devraient autant plaire aux mélomanes endurcis qu’aux auditeurs de Rythme FM.

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Bell Witch

Mirror Reaper

Profound Lore Records

BellWtich

Réparti sur quatre faces de vinyle, deux CDs ou un document virtuel, le morceau unique qui dépasse les 83 minutes fait de Mirror Reaper une œuvre monumentale. Les deux membres de Bell Witch façonnent ici un univers monolithique avec leur utilisation unique de basse et batterie ainsi que par les échanges de voix claire et gutturale.

Après l’excellent Four Phantoms de 2015, on ne croyait pas qu’il était possible pour le duo de funeral doom de se surpasser. Leur nouvel opus nous prouve le contraire en nous plongeant vers de nouveaux bas-fonds.

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Falls Of Rauros

Vigilance Perennial

Nordvis Produktion, Bindrune Recordings

FallsRauros

Ceux et celles qui s’ennuient de la formation Agalloch, qui a mis fin à ses activités il y a plus d’un an déjà, pourront retrouver d’agréables points de repères dans le black metal teinté de folk de Falls of Rauros. Vigilance Perennial nous présente un groupe qui a mûri ses compositions, rythmant les passages de guitares acoustiques aux envolées prenantes et majestueuses.

Un album autant apaisant qu’entraînant, que l’on écoute durant les longues soirées d’hiver.

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Power Trip

Nightmare Logic

Southern Lord

PowerTrip

Le deuxième album de Power Trip place le quintette originaire du Texas très haut avec les meilleurs groupes de crossover thrash, un sous-genre qui infuse les bases solides du thrash metal introduit durant les années 80 à la virulence du punk hardcore. Malgré leurs inspirations diversifiées et surprenantes, la formation offre un des albums les plus impitoyables de l’année.

J’aime aussi croire que l’album contribue à la démocratisation du métal à plus grande échelle, peut-être parce que le single Executioner’s Tax (Swing Of The Axe) a été utilisé par la WWE ou parce que j’avais remarqué une fille portant un t-shirt du groupe en montrant au tapis roulant du Econofitness qui était la patronne, ou simplement parce que le disque est pratiquement sans faille.

Le vieil adage de Southern Lord « Maximum volume yields maximum results » est toujours aussi pertinent pour Nightmare Logic.

Montez le son.

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Rafael Anton Irisarri

The Shameless Years

Umor Rex

Rafael

Avec ses drones sinueux, ses sons de guitares étirés et déconstruits, et ses couches de bruits qui s’accumulent pour former un pathos grandiose, Rafael Anton Irisarri nous touche en plein cœur avec The Shameless Years.

Les adeptes de Tim Hecker et de Lawrence English se sentiront un peu en terrain connu et tous les auditeurs confondus découvriront de nouvelles textures sonores profondes et évocatrices.

Quoi que j’écrive, j’ai le sentiment que je n’arriverai pas à décrire avec justesse la force et la beauté de cet album.

Un triomphe.

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Ex Eye

Ex Eye

Relapse Records

ExEye

Après en avoir impressionné plus d’un par sa maîtrise du saxophone démontrée sur ses albums parus sur l’importante étiquette montréalaise Constellation, le musicien expérimental Colin Stetson a décider de former Ex Eye.

Pour ce faire, l’artiste a recruté le très compétent Greg Fox (batterie), Shahzad Ismaily (clavier) qui fait notamment partie de Secret Chiefs 3, ainsi que Toby Summerfield (guitare) afin de d’amorcer ce nouveau projet résolument plus lourd que ses compositions habituelles.

Si vous aimez votre musique aventureuse et que vous êtes à la recherche de quelque chose d’un peu inclassable et de gratifiant, cet album est fait pour vous.

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Mention spéciale, meilleure réédition

Yasuaki Shimizu

Kakashi

Palto Flats, We Release Whatever The Fuck We Want Records

Kakashi

Les étiquettes Palto Flats et We Release Whatever The Fuck We Want Records (meilleure nom de compagnie depuis les éditions de Ta Mère) se sont associées pour déterrer ce joyau de 1982.

Avant-gardistes et inusitées, les compositions présentées sur Kakashi résistent pleinement à l’épreuve du temps. Le saxophoniste Yasuaki Shimizu s’amuse à travers l’album rempli de petites perles exploratoires aux sonorités jazz, fusion, ambiantes et autres. Bien plus qu’une curiosité, c’est un véritable plaisir de (re)découvrir Kakashi.

Gâtez-vous et faites spinner le minou.

Mention fort honorable

Eluvium

Shuffle Drones

Temporary Residence Limited

EluvShuff

Matthew Robert Cooper, alias Eluvium, redéfini les méthodes de consommation de musique à l’ère moderne avec Shuffle Drones.

L’artiste nous invite à faire jouer les 23 vignettes d’une durée moyenne d’une trentaine de secondes en activant la fonction aléatoire. Ceci nous permet donc de vivre une expérience de 13 minutes ou d’une durée infinie qui est différente et renouvelée à chaque écoute. Tous les micro-morceaux débutent et se terminent avec le même timbre sonore, ce qui garantit une fluidité pour l’auditeur.

Prodigieux.

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Sur ce, je vous souhaite une nouvelle année remplie de découvertes, de partage, de respect et de créations. On se revoit l’an prochain pour une autre sélection, ou, qui sait, peut-être même avant avec de nouvelles critiques et des photos de meilleure qualité!

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